Festival Cinéma Expérimental Français 2025

Nous vous présentons le cinéma expérimental français en compagnie de Pip Chodorow, fondateur et directeur du label RE:VOIR (www.re-voir.com), qui présente des films expérimentaux du monde entier, des classiques aux œuvres contemporaines. Outre les projections, des conférences et des débats sont également prévus.

Qu’est-ce que le cinéma expérimental ? Ce sont des films qui interpellent le spectateur et lui ouvrent les yeux sur de nouvelles façons de voir. Des films qui rejettent la narration traditionnelle, repoussent les limites du médium et trouvent de nouveaux moyens d’expression.

La France a une longue histoire et une relation profonde avec le cinéma. Les premières formes de documentaire (Lumière) et de fiction (Méliès) ont été produites en France. Les films dadaïstes et surréalistes ont été tournés et diffusés en France dans les années 1920. Les années 1950 ont été particulièrement riches en créations avec le mouvement lettriste, tout comme les années 1970, qui ont vu naître les premières coopératives de cinéastes.

L’Institut français présente un cycle de films expérimentaux qui illustrent toute l’étendue de cette histoire. Free Radicals de Pip Chodorov offre un aperçu des premières décennies du cinéma expérimental. Le Traité de bave et d’éternité (1951) d’Isidore Isou est un manifeste pour une créativité radicale dans le cinéma. L’Ange (1982) de Patrick Bokanowski explore, sur plusieurs années, de nouvelles techniques d’animation et de composition. Les films de Marcel Hanoun sont des tentatives méta-narratives d’intégrer le processus cinématographique dans la fiction. Peter Goldman (avec le soutien de Godard) et Adolpho Arrietta (soutenu par Duras) se sont inspirés de l’avant-garde française et de la nouvelle vague et sont venus en France pour produire leurs longs métrages mélancoliques. Ce cycle offre un aperçu des multiples modes de production cinématographique indépendante en France.

Pip Chodorov

≪Programme≫

Le Traité de bave et d’éternité

Isidore Isou

France / 1951 / 120 min

Avec Isidore Isou, Marcel Achard, Jean-Louis Barrault, Blanchette Brunoy, Blaise Cendrars, Jean Cocteau

Un jeune poète se révolte contre la stagnation créatrice du cinéma et décide de faire un film où toutes les conventions seront balayées. Le film illustre ses expériences amoureuses, ses désillusions politiques, ses errances dans Paris et ses rencontres avec des écrivains ou des acteurs.

Echoes of silence

Peter Emanuel Goldman

États-Unis / 1964 / 74 min

Muni d’une Bolex et de 1 500 dollars, Goldman filme les rues de Greenwich Village et la vie de jeunes gens à la dérive, livrant un portrait palpitant du New York des sixties. Premier film du cinéaste et classique de l’underground américain, rarement projeté.

Wheel of Ashes

Peter Emanuel Goldman

États-Unis-France / 1968 / 95 min

Avec Juliet Berto, Pierre Clémenti.

À Saint-Germain-des-Prés, l’errance d’un homme tiraillé entre quête spirituelle et désir charnel. Traqué par la caméra, Pierre Clémenti, somnambule diaphane et magnétique, vit entièrement son personnage dans un tableau saisissant de Paris à la veille de Mai 68. D’une pureté lyrique, le film, en partie financé par Godard, est le chaînon manquant entre Nouvelle Vague et underground new-yorkais.

Une simple histoire

Marcel Hanoun

France/1958 / 64min 

Une femme vient à Paris avec sa fille pour chercher du travail, mais elle n’y rencontre que la misère.

 « Marcel Hanoun reste l’un des cinéastes français les plus injustement méconnus, dont l’œuvre s’est construite à la marge des institutions, quelque part entre l’héritage austère d’un Robert Bresson et les recherches plastiques d’un Jean-Luc Godard.Coproduit avec la télévision française pour un budget dérisoire, tourné en 1957 dans les rues de Paris avec une poignée d’acteurs plongés parmi ses habitants, Une simple histoire semble réinvestir l’esprit du néoréalisme italien, passé au crible d’un jansénisme tout en lignes brisées, dans la lignée d’un Robert Bresson. » Mathieu Macheret, Le Monde

Octobre à Madrid

Marcel Hanoun

France/1964 / 63min        

avec Chonette Laurent, José Meneses, Augustin Reyes et Nadia Werba. 

Un cinéaste est à Madrid pour tourner un documentaire sur l’Espagne. De documentaire sur l’Espagne, le film devient documentaire de la création d’un film.

« Film ambitieux, et désarmant pour tant de simpli-cite, Octobre a Madrid est un peu le prototype de ce « film du film » a quoi rêve un jour tout cinéaste. C’est ce qu’a filmé Hanoun : comment la vie du cinéaste est intimement film en déroulement, combien floue et réversible est la frontière entre désir et œuvre, film et vie. »
— Jean-Louis Comolli

≪Cycle des saisons≫

Cinéaste incontournable du cinéma d’auteur en France, Marcel Hanoun a su marquer l’histoire du 7ᵉ art par son langage cinématographique singulier. Nous vous invitons à découvrir son cycle des saisons : Le Printemps (1971), L’Été (1969), L’Automne (1972) et L’Hiver (1969).

À travers ces quatre œuvres emblématiques, inspirées par les motifs des saisons, Hanoun déploie toute la richesse de son écriture cinématographique, entre expérimentation formelle et regard introspectif. Un rendez-vous rare pour découvrir ou redécouvrir un univers unique, à la fois poétique et radical.

L’Été

Marcel Hanoun

France/1968/64min

Après les événements de Mai 68, Graziella, une jeune femme, se réfugie dans une maison à la campagne dans l’attente peut-être de son compagnon Jean-Luc.

L’Hiver 

Marcel Hanoun

France/1969/78min

avec Tiziana Siffi, Michael Lonsdale, Christian Barbier, Frédéric Latin

Le Printemps 

Marcel Hanoun

France/1970/78min/couleur

avec Michael Lonsdale, Catherine Binet

Le film retrace deux histoires parallèles qui ne se croisent pas, celles de deux personnages espionnés à travers leurs gestes quotidiens : un homme caché, fuyant les forces de l’odre et la mort dans les bois et, dans un village voisin, une petite fille au seuil de l’adolescence, élevée par sa grand-mère.

L’Automne 

Marcel Hanoun

France/1972/75min

avec Michael Lonsdale, Tamia

Julien, le réalisateur, et Anne, la monteuse, visionnent les séquences du film « Juliette sacrifiée ». Petit à petit, les plans s’ordonnent dans l’esprit de Julien au fur et à mesure que se déroulent la bande son et la bande image. La création de l’oeuvre définitive se prépare, ponctuée de réflexions sur le cinéma et l’art en général. Le temps passe ainsi de méditation personnelle en dialogues constructifs pour l’élaboration puis le montage final. En téléphonant, le producteur rétablit le contact avec la réalité; il faut achever! Sur la visionneuse défilent alors les images d’une forêt en automne. Le champ s’agrandit pour découvrir la salle de montage puis la rue où les gens vont et viennent. Anne et Julien, immobiles, restent silencieux ..

Flammes

Adolpho Arrietta

France / 1982 /87min

Avec Caroline Loeb, Dyonis Mascolo, Isabel Garcia Lorca, Pascal Greggory

Barbara, une petite fille, vit dans une vieille maison de campagne avec son père et sa préceptrice. Une nuit, elle rêve qu’un pompier entre par la fenêtre de sa chambre… Jeune femme, Barbara échappe à son père en faisant le tour du monde, puis revient et retrouve ses vieux rêves d’enfant. En feu, elle appelle les pompiers, en capture un dans sa chambre et s’enferme avec lui pendant plusieurs jours…

L’Ange

Patrick Bokanowski

France / 1977-1982 / 64 min

Avec Maurice Baquet, Jean-Marie Bon, Martine Couture.

Dans une maison, des ombres et des personnages à demi humains se déplacent. Derrière les portes, ont lieu des expériences d’optique, les murs, sols et plafonds se forment et se déforment.

Patrick Bokanowski: Visite à l’atelier

Pip Chodorov
2017 / 27 min

Free Radicals, une histoire du cinéma expérimental

Réalisé par Pip Chodorov • Écrit par Lucy Allwood, Pip Chodorov
France / 2010 / 82 minutes

Avec Pip Chodorov, Jonas Mekas, Stan Brakhage, Hans Richter, Maurice Lemaitre

Qu’est-ce que le cinéma « expérimental » ?
Les artistes, les poètes qui avaient commencé à utiliser le celluloïd avant la Première Guerre mondiale, se sont toujours trouvés dans un no man’s land. Exclus à la fois des salles de cinéma, ils ont su créer un réseau indépendant qui leur permet de réaliser et de montrer leur films. En ce faisant, ils ont construit un corpus qui ne cesse d’influencer notre culture. Je voulais partager avec vous quelques-uns des films que j’aime et vous faire connaître les artistes libres et radicaux qui les ont faits.

Organisé par l’Institut français de Tokyo

Avec le soutien du CNC

Remerciements : Centre culturel de l’Athénée français, Mistral Japan, Hazuki Kamijyo, Re :voir, tapetum works, Tokyo Photographic Art Museum.