Exposition : « Poetics of Line » Nina Fradet

© Johanna Meyer – Body Fragment #1, Nina Fradet, 2024

L’Institut français de Tokyo accueille cet automne l’exposition personnelle de Nina Fradet. Lauréate 2024 de la Villa Kujoyama, elle s’investit depuis plusieurs années dans la construction d’une relation entre l’ébénisterie et le Takezaiku – vannerie japonaise de bambou. Sa recherche s’affine peu à peu pour trouver son essence dans l’exercice de la ligne et la conscience des gestes pour lui donner vie.

Parler de la manière dont les brins s’accumulent pour former des volumes jonchés de pleins et de vides, parler de la finesse qui se dégage des motifs dessinés dans l’espace, parler du silence qui se déploie entre les lignes.

La technique du tressage est une manière d’utiliser la matière dans sa pure consistance, pour la rendre expressive sans nécessité d’altération ou d’embellissement. La minutie des gestes alors induits sur cette matière retranscrit de manière consciencieuse les géométries d’une composition complexe, rendant la technicité alors elle-même ornementale. Que devient alors le matériau travaillé si on le détache de sa finalité en tant qu’objet fonctionnel ? Le dessein de cette étude se trouve à ce moment précis où les limites entre art et artisanat se troublent, dans une tentative de dépouillement de nos manières habituelles d’observer.

Figer un mouvement dans la matière.

Libérer le corps de son expressivité.

D’une position à l’autre, le mouvement du corps impliqué par la danse génère une succession de lignes qui peuvent être dessinées dans l’espace tout en restant invisibles et éphémères. En figeant ces postures, en traçant ces lignes sur le papier, une composition abstraite se révèle geste après geste, mouvement après mouvement. Cette recherche porte sur ces instants figés, sur ces lignes tracées au fil de répétitions avec des danseuses, dans un dialogue constant entre le corps et la matière, le vivant et l’inerte, le visible et le suggestif.